Édito de M. Guerra, chef d’établissement du 2e degré / Coordonnateur
Il existe une « nouveauté » que nous avons oubliée de citer dans notre dernier éditorial : c’est le mot « confinement ». Cet « oubli » nous a vite rattrapé.
Depuis le 13 mars, quatre semaines se sont déjà écoulées. À Ste Catherine, comme dans tous les autres établissements de France, nous avons dû cesser d’accueillir vos enfants. Un coup d’arrêt qui a brisé, pour le moment, notre élan vers un futur à concrétiser.
Dans un premier temps, la surprise et l’inquiétude nous ont décontenancés face aux drames qui s’affichaient sur nos écrans, sans réaliser que nous allions plonger dans un grand Carême universel, une abstinence planétaire par rapport à toutes nos habitudes.
Dans cette situation inédite et forcée, notre désir de vivre n’a pourtant pas disparu.
Une jeune fille nous a écrit que malgré la fatigue pour trouver un nouveau rythme de vie, cette nouvelle situation lui permettait de « se retrouver elle-même, de se découvrir davantage » car elle ne pouvait plus « penser au passé qui n’existait plus, ni rêver à un futur imaginaire ». Elle vit « l’instant présent ». Elle passe, par exemple, du temps « à discuter avec son frère » ou « à regarder les fleurs sur son balcon ». Vivre l’instant présent pour nous émerveiller à nouveau face au don de la vie.
Mais ces mots du journal d’une adolescente peuvent aussi vite disparaître lorsqu’en tant qu’adultes, nous pensons et nous nous questionnons sur notre futur. En tant qu’adultes, quelle éducation pouvons-nous communiquer à nos enfants dans ce contexte inédit ? Comment ne pas tomber dans la peur, ou se résigner, face à la situation présente ?
Nous vivons tous un temps où nous nous posons plus de questions que nous ne trouvons de réponses. Nous devons l’accepter, tout comme la prétention de tout comprendre, ou tout savoir. Notre peur sera dépassée si face aux circonstances données nous faisions preuve d’un esprit d’ouverture et que nous restons disponibles pour nous laisser interroger.
Je prends comme exemple la « réactivité » de nos enseignants qui, en quelques jours, ont dû inventer de nouvelles façons d’enseigner, de communiquer un savoir et de susciter la motivation des élèves, bloqués chez eux.
Chaque parent a fait le constat de la difficulté à accompagner les jeunes dans leurs apprentissages. Ce temps, difficile et incertain, est aussi celui de l’innovation et de la découverte de nouvelles modalités d’enseignement.
C’est bien avec cet esprit d’émerveillement et d’ouverture que nous pourrons retrouver nos jeunes « grandis » et« mûris », capables d’affronter les défis d’un monde nouveau qui s’ouvre devant nous.
Il existe une dernière « tentation ». Celle, en tant que parents, face aux difficultés scolaires que vos enfants peuvent rencontrer, de faire à leur place.
Devant l’incompréhension qu’ils rencontrent, et pour faciliter leur tâche, votre désir de vouloir leur bien est de résoudre leurs problèmes. Il est difficile de vous donner des conseils « à distance ». Nous nous permettons juste de souligner que notre responsabilité est de l’accompagner et de l’aider à regarder autrement le problème, de l’encourager face au découragement ou à la difficulté.
C’est ainsi qu’une maman, nous écrivait que, plutôt que de « me mettre à faire ses devoirs à sa place, je lui ai conseillé d’appeler par Skype un camarade de classe et de lui demander de l’aide ». C’est ainsi que maintenant, « les deux enfants s’entraident pour leurs devoirs et arrivent même à se corriger sans rentrer en conflit. Ils sont devenus amis et espèrent bientôt retourner à l’école ».
C’est un exemple parmi des dizaines que vous vivez au quotidien. Cependant, il est important de nous rappeler notre exigence : voir grandir nos enfants, et que même les difficultés que nous traversons peuvent y contribuer.
A la veille de la fête de Pâques, il peut sembler « surréaliste » de penser à la joie, face aux tragédies et aux drames que nous pouvons vivre ou dont nous sommes témoins.
Croyants ou plus éloignés d’une pratique religieuse, cette fête est le témoignage, quelque que soit notre conviction, que nous ne sommes pas seuls à porter le drame de notre « croix ». Quelqu’Un l’a fait avant nous. La « joie » sera de découvrir que nous ne sommes pas tous seuls à vivre la nôtre.
Permettez-nous de vous souhaiter de Joyeuses Pâques.