« Monsieur, quand va –t-on revenir à l’école ? » C’est la question qu’un élève de 2 nde m’a posé la semaine dernière. Ses camarades ont surenchéri : « On n’en peut plus de rester à la maison. On veut revenir en cours tout le temps! »
Ce dialogue est bien arrivé dans les couloirs de Ste Catherine. Il peut surprendre nos lecteurs de la Newsletter. Peut-être un peu moins les parents d’élèves de 2 nde dont leurs enfants suivent les cours en distanciel pour 25 % du temps scolaire. Dans la demande de ces jeunes élèves, il y avait un appel : on a besoin de revenir en cours.
Drôle de période que nous vivons ! Des élèves qui demandent d’aller à l’école ! Il y a tout juste un an, personne n’aurait pu croire ou imaginer un tel scénario. Et pourtant les incertitudes que nous vivons au quotidien multiplient nos attentes vers le présent et le futur imprévisibles. En particulier, sur nos fêtes de Noël, sur la possibilité de voir nos proches et surtout revenir à une vie « normale ».
Il y a une coïncidence entre ce temps incertain, nos expectatives et le calendrier liturgique de l’Église.
Nous sommes dans le temps de l’Avent. Son étymologie veut dire « advenir » (du latin « adventus ») « quelque chose qui doit arriver ». Pour les chrétiens, il y a un fait majeur parmi ces évènements : la naissance du Christ dans l’enfant Jésus. Nous pouvons vivre une certaine distance entre ce fait
historique et nos incertitudes liées à l’actualité. Pourtant, il y a un lien profond.
De la même manière que la demande formulée par des élèves de retourner à l’école. Elle n’est pas seulement l’expression d’une requête légitime mais bien plus : un cri, un appel au secours, à demi- mots.
Les textes liturgiques de l’Ancien testament pendant l’Avent, nous proposent alternativement des paroles d’émerveillement face à la Création et à la Nature, en veille pendant la période d’hiver, et des cris contre le malheur des temps.
Je me suis posé la question, qu’est-ce qui poussent nos jeunes à crier de revenir en cours ?
Depuis quelques mois, l’école est l’un de rares lieux restés ouverts. Les lieux de divertissements, sportifs, culturels ou artistiques sont fermés.
Où un jeune peut-il se sentir accueilli intégralement, dans toute son humanité ? Avec toute son attente de réussir, de construire son avenir à travers son investissement et ses compétences ?
Cette crise fait retrouver la vraie mission de l’école.
Si une personne lance un cri c’est parce qu’elle sait que quelqu’un peut entendre son appel et aller à son secours. Autrement, ce serait absurde.
Nos jeunes ne sont pas absurdes. Ils recherchent dans l’école un lieu de vie qui les valorise, où leur humanité est accueillie, comprise et reconnue. Toute critique que l’on peut adresser à l’école (je ne parle pas de système scolaire) fond à la lumière de cette crise inédite que nous vivons car elle
rappelle notre vocation : accompagner un jeune à se construire à travers un savoir et une éducation.
A l’image de nos jeunes, de vos enfants, nous devons continuer à croire et à leur témoigner notre espérance à travers notre engagement. Ils le méritent bien. Malgré toutes les difficultés auxquelles nous sommes constamment confrontés, il n’est pas absurde d’attendre un avenir « meilleur « . Que nos vœux de joie et de paix dans cette période de Noël, cette année encore plus que les autres, trouvent leur sens dans cette attente et dans la conviction qu’une réponse est possible. Elle est déjà arrivée. Je souhaite à chacune et à chacun de vous un Joyeux Noël.
Silvio Guerra
Chef d’établissement Ste Catherine