Décembre : Transmettre : Tradition-Innovation

Poursuivant notre fil conducteur de « la transmission » pour cette année scolaire, je vous propose quelques réflexions à partir au logo de notre établissement Catherine de Sienne (CS), patronne de l’Europe (les 12 étoiles), en mettant en exergue Tradition-Innovation. Bien que ces termes paraissent antinomiques, leur rapprochement (-) révèle un aspect intéressant de la pédagogie dominicaine.

Remarquons tout d’abord, que tradition et transmission ont la même étymologie. L’un ne pourrait fonctionner sans l’autre : une tradition non transmise ne peut à terme que s’estomper et disparaître ou se fossiliser. Ce qui caractérise la transmission, c’est précisément la possibilité d’inscrire chacun dans une tradition, une histoire, une parole qui le précèdent… et pourtant la transmission n’est pas du copier-coller ni la répétition du passé au risque de l’obsolescence ou de l’immuabilité. Il est indispensable d’articuler tradition et innovation… Regardons vers l’avenir ! On ne peut s’ouvrir aux autres sans être enraciné soi-même mais l’on ne peut non plus s’enraciner dans une identité sans la transformer.

La transmission ne peut se faire sans évolutions, positives ou négatives, sans contestation de la tradition et donc, sans modification de la tradition elle-même. La fidélité à la tradition est la condition nécessaire pour innover ; mais le désir de transmettre doit toujours laisser à l’autre la liberté d’être différent.

Pour l’enseignant, la transmission ne peut se faire sans risques : Il doit se risquer à une « traduction », une interprétation ou une simplification, pour transmettre à l’autre en l’ajustant ce qu’il sait ou qu’il a reçu. Transmettre c’est faire office de traducteur… au risque de trahir : « Il a trahi mes propos » ou « en disant cela, il a trahi le fond de ma pensée ».

Ainsi, transmettre, c’est fatalement déformer, trier, renouveler, reformuler, exprimer… Il y a inévitablement perte d’informations (voire de sens). Faut-il s’en émouvoir ? Pas nécessairement, bien au contraire si l’on considère que l’acte de transmission se vit dans la relation (enseignant/ élève) avec un souci d’optimisation de l’ajustement à l’autre. Ainsi le message, le messager et le récepteur-destinataire s’en trouvent transformés.

Une tradition quelle qu’elle soit, rassure et sécurise mais elle ne peut durer que pour autant qu’elle se renouvelle. Dépoussiérage et enrichissement vont de pair. La transmission est interprétation et innovation, ce qui exige que chaque génération, ait une capacité à interpréter ce qui a été transmis et qui doit encore advenir. En ce temps de l’Avent, où l’on aime à transmettre de nombreuses traditions chrétiennes et païennes, je ne peux que vous encourager à expliquer les traditions et à dire votre foi aux enfants. Que la venue de Jésus-Christ, qui est, qui était et qui vient soit notre plus beau cadeau de

Noël pour nos jeunes afin qu’ils puissent librement se l’approprier, comme l’ont fait en leur temps St Dominique puis Ste Catherine de Sienne.

Dans le même esprit, pour que le charisme dominicain perdure dans leurs établissements, je ne saurais clore mon propos de ce mois sans vous encourager à transmettre à nos Sœurs lors de leur venue dans notre établissement jeudi 6 décembre vos points de vue et vos expériences sur la réalité des jeunes car « Il s’agit de nous mettre à l’écoute de notre monde, et particulièrement de celui des jeunes auquel nous sommes envoyées. »

Marie..Métras

Chef d’Etablissement

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