80 ans de l’arrivée des Sœurs Dominicaines du Saint Nom de Jésus à Aix-en-Provence

C’est une vraie joie pour moi de voir tant de monde rassemblé à l’occasion de cet anniversaire. 

J’ai envie de commencer avec des questions. 

  • Pourquoi êtes-vous venu aujourd’hui ?
  • Qu’est-ce qui fait que vous avez répondu présent à l’invitation que vous avez reçue ?
  • Qu’est-ce que sainte Catherine a laissé en vous pour que vous ayez envie de venir ce soir, que vous soyez heureux de revenir ici ? Parce que je le crois, comme moi, vous êtes heureux d’être là.

Je vous laisse quelques minutes pour y réfléchir. En attendant, remontons un peu le temps pour nous rappeler ce que nous fêtons aujourd’hui. 

Le 27 mars 1943, en pleine guerre, le conseil de la congrégation des Dominicaines du Saint Nom de Jésus se réunit au complet à Aix en Provence pour examiner la demande de fondation qui lui a été faite par Monseigneur l’archevêque et Madame Chatelet, directrice du cours de jeunes filles. 

Deux mois plus tard, le 18 mai, le conseil vote à l’unanimité l’achat du bâtiment des Ursulines et la fondation d’un nouvel établissement scolaire. Les deux cours existants (Chatelet et Frédéric Mistral) cèdent alors leur clientèle et leur matériel à la nouvelle maison. 

Trois sœurs sont alors assignées dans ce qui devient le cours Sainte Catherine de Sienne. Il s’agit de Mère Marie-Germaine Colliou, Mère Marguerite Marie Fournier et Mère François Xavier Fassy. 

Dans le journal « le petit marseillais » du vendredi 11 juin 1943, on trouve le petit encart suivant et intitulé « Les Dominicaines à Aix »

« L’archevêché d’Aix a annoncé la venue en notre ville des Mères Dominicaines qui vont ouvrir dès octobre 1943 une grande institution d’enseignement, sous l’heureuse appellation du cours Sainte Catherine de Sienne. 

Leur maison aura son internat et son externat dans le vaste local, connu ici sous le nom des « Ursulines » dans lequel d’importants travaux sont en cours d’exécution. 

Dans la pure tradition de leur Ordre, c’est dans une nouvelle ville universitaire que ces éminentes religieuses vont apporter encore leur science pédagogique si notoire et leur zèle si prenant. 

Aussi sommes-nous justement heureux de pouvoir leur adresser nos vœux de bienvenue chez nous, certains du bien immense qu’elles feront »

Malgré cet excellent accueil, l’installation n’est pas si facile. Dans les archives de la congrégation on trouve cette précision des sœurs du conseil : « la maison d’Aix semble devoir être une maison d’avenir. Mais les locaux ont été trouvés dans un état tel que des travaux formidables ont dû être exécutés et plus rapidement que nous ne l’aurions voulu et que nos finances ne le permettaient. Et ce n’est pas fini… Nous avons été trompées par les données d’un architecte consulté avant l’achat de la maison. La dette s’élève actuellement à 4 773 000 Francs. » 

C’est visiblement la vente de notre maison de Sète qui permettra d’éponger les dettes. 

Les sœurs œuvrent pendant 40 ans, jusqu’en 1988, avant de se retirer et laisser la place à une directrice laïque en la personne de Madame Clément au secondaire et Madame Chabrier au primaire. 

Pourquoi les sœurs ont-elles choisi de nommer cette école Sainte Catherine de Sienne ? 

Rien n’est écrit dans les archives de la congrégation. On ne sait pas qui en a eu l’idée. Mais pour un établissement dominicain, cela n’a rien d’étonnant. 

Sainte Catherine est une sainte dominicaine du XIVème siècle avec une âme de feu. Mystique ardente et militante de la sainteté de l’Eglise, elle est infatigable et assoiffée du salut de tous les hommes. Sa forte personnalité et sa grandeur morale attire à elle une foule de personnes qu’elle guide spirituellement. 

Si on devait résumer Sainte Catherine en un mot, on pourrait dire qu’elle est un feu. Et justement n’est-ce pas ce qui brûle ici, dans l’établissement, particulièrement depuis qu’elle en est la sainte patronne ? 

Je reviens à ma question de départ : pourquoi donc êtes-vous ici aujourd’hui ? 

N’est-ce pas parce que vous y avez trouvé comme un feu qui a éclairé vos intelligences, orienté vos choix à la manière d’un phare, ou réchauffé vos cœurs par l’attention qu’on vous a porté ou les amitiés que vous avez nouées ? Peut-être aussi, la flamme vive de la foi est-elle née en vous ? 

L’école catholique doit être un foyer, dans tous les sens du terme. Un lieu où toutes les conditions sont réunies pour que les élèves grandissent le mieux possible. 

Un lieu où l’intelligence s’illumine par la connaissance et la recherche de la vérité. 

Un endroit où les grands choix de la vie se dessinent et sont orientés. 

Un lieu où les relations humaines se construisent dans la fraternité, l’accueil de la différence et l’apprentissage du dialogue. 

Un foyer d’où rayonne l’Evangile parce qu’il y est annoncé et vécu.

Dans ce cadre bienveillant, petit à petit l’adulte se construit pour devenir une personne unifiée, libre, vraie, cherchant la vérité, aimant le dialogue, soucieuse de la communion, artisan d’une société plus juste et fraternelle. 

Si vous êtes ici aujourd’hui, c’est sans doute qu’à sa mesure, Sainte Catherine a participé à construire ce que vous êtes devenus.

Alors avec ferveur, rendons grâce ensemble pour ce que vous avez reçu et demandons à Sainte Catherine de nous donner le zèle de poursuivre encore de longues années cette belle mission d’éducation. Prenons au sérieux son invitation à devenir pleinement ce que nous sommes et ainsi mettre le feu au monde, le feu de la connaissance et de la charité. Ce feu nous est confié à tous, aux sœurs qui assurent cette mission de tutelle qui est une mission d’accompagnement, aux chefs d’établissement et à la communauté éducative, mais aussi, bien que différemment, à l’APEL et à l’OGEC. Aux anciens et aux anciennes qui sont des témoins précieux de ce qui se vit ici depuis 80 ans. 

Soyez tous vivement remerciés pour tout ce que vous faites et qui permet d’entretenir ce feu. Ensemble, ne le laissons pas s’éteindre pour qu’il éclaire encore de nombreuses générations d’élèves. 

Sœur Marie-Lys

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